« Les
coquelicots ont longtemps été utilisés comme un symbole de la paix
et la mort :
Mort à
cause de la couleur rouge sang »
Dans
un coin ensoleillé du champ, une fraîche brise soufflait calmement.
Le champ tout entier semblait arrosé de sang tant les coquelicots
l'avaient envahi.
Au
milieu de ce champ, on voyait la silhouette de Mme. Gilbert qui se
distinguait comme une tâche noire. Elle était grande, brune, ses
magnifiques cheveux noirs tombant en tresses sur ses épaules. Et
dans cette plaine rouge recouverte de ces flamboyantes fleurs
sauvages, derrière elle, apparaissait une forme beaucoup plus
petite. Celle-ci se levait lentement, surgissant au milieu des fleurs
comme d'un bouquet.
C'était
Jean, le fils de Mme. Gilbert.Le visage illuminé d'un sourire
rayonnant comme un lever de soleil, il saluait sa maman avec
respect.
Laissant
glisser les pétales des fleurs sous leurs doigts, mère et fils
avançaient lentement, prenant soin à chacun de leurs pas de n'en
flétrir aucune, admirant la beauté de la nature. Tous deux se
promenaient calmement sous le soleil, d'un même pas. Ils sentaient
sur leur peau le souffle frais qui caressait délicatement leur
jambes.
Dans
le cœur de Jean un trouble soudain surgit, jusqu'à le remplir de
cette effroyable question qu'il n'avait jamais osé poser à sa mère.
Il ne pensait plus maintenant qu'à cela, à cette terrible et
brutale disparition de son père. Envahi par l'émotion de cette
inquiétude grandissante, il se tourna vers la jeune femme et lui
demanda:
«
Maman, où est papa?»
Mme.
Gilbert s'immobilisa. La respiration coupée, elle se tourna vers le
jeune garçon. Tout son corps tremblait, elle était si émue qu'il
évoquât pour la première fois son mari disparu.
«Ah
bien...», murmura-t-elle sans pouvoir articuler une réponse.
C'était dur pour elle de dire la vérité.
«
Je peux le voir, maman? » demanda Jean avec curiosité.
«
Il est ici, avec nous. Il veille sur nous, son amour est toujours
avec nous.», répondit tendrement Mme Gilbert accompagnant ses
paroles d'un geste large vers le champ de coquelicots qui les
entourait.
«
Mon cher Jean, vois-tu les charmantes fleures rouges ici? C'est papa,
il est avec nous comme une flamme rouge qui ne s'éteindra jamais,
toujours là dans nos cœurs.» En prononçant ces mots une larme
coulait sur sa joue.
Alors
l'enfant cueillit délicatement deux coquelicots et les mit sur son
cœur pour se souvenir de son père. Sur le chemin du retour il
pensait à son papa. Chez lui il mit les fleurs devant la photo de
son père.
Cependant,
le lendemain, lorsqu'il découvrit les fleurs flétries, fanées,
des sanglots l'envahirent. C'était comme si ces fleurs éphémères
lui disaient la vérité sur son père, qu'il était mort comme
elles, et qu'il ne le reverrait jamais.
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Les Coquelicots (1873) --- CLAUDE MONET |
- Bhuvan
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