lundi 7 octobre 2013

PROMENADE AU CHAMP DE COQUELICOTS

« Les coquelicots ont longtemps été utilisés comme un symbole de la paix et la mort :
Mort à cause de la couleur rouge sang »


     Dans un coin ensoleillé du champ, une fraîche brise soufflait calmement. Le champ tout entier semblait arrosé de sang tant les coquelicots l'avaient envahi.

     Au milieu de ce champ, on voyait la silhouette de Mme. Gilbert qui se distinguait comme une tâche noire. Elle était grande, brune, ses magnifiques cheveux noirs tombant en tresses sur ses épaules. Et dans cette plaine rouge recouverte de ces flamboyantes fleurs sauvages, derrière elle, apparaissait une forme beaucoup plus petite. Celle-ci se levait lentement, surgissant au milieu des fleurs comme d'un bouquet.
C'était Jean, le fils de Mme. Gilbert.Le visage illuminé d'un sourire rayonnant comme un lever de soleil, il saluait sa maman avec respect.

    Laissant glisser les pétales des fleurs sous leurs doigts, mère et fils avançaient lentement, prenant soin à chacun de leurs pas de n'en flétrir aucune, admirant la beauté de la nature. Tous deux se promenaient calmement sous le soleil, d'un même pas. Ils sentaient sur leur peau le souffle frais qui caressait délicatement leur jambes.

     Dans le cœur de Jean un trouble soudain surgit, jusqu'à le remplir de cette effroyable question qu'il n'avait jamais osé poser à sa mère. Il ne pensait plus maintenant qu'à cela, à cette terrible et brutale disparition de son père. Envahi par l'émotion de cette inquiétude grandissante, il se tourna vers la jeune femme et lui demanda:

« Maman, où est papa?»

   Mme. Gilbert s'immobilisa. La respiration coupée, elle se tourna vers le jeune garçon. Tout son corps tremblait, elle était si émue qu'il évoquât pour la première fois son mari disparu.

«Ah bien...», murmura-t-elle sans pouvoir articuler une réponse. C'était dur pour elle de dire la vérité.

« Je peux le voir, maman? » demanda Jean avec curiosité.

« Il est ici, avec nous. Il veille sur nous, son amour est toujours avec nous.», répondit tendrement Mme Gilbert accompagnant ses paroles d'un geste large vers le champ de coquelicots qui les entourait.

« Mon cher Jean, vois-tu les charmantes fleures rouges ici? C'est papa, il est avec nous comme une flamme rouge qui ne s'éteindra jamais, toujours là dans nos cœurs.» En prononçant ces mots une larme coulait sur sa joue.

     Alors l'enfant cueillit délicatement deux coquelicots et les mit sur son cœur pour se souvenir de son père. Sur le chemin du retour il pensait à son papa. Chez lui il mit les fleurs devant la photo de son père.

     Cependant, le lendemain, lorsqu'il découvrit les fleurs flétries, fanées, des sanglots l'envahirent. C'était comme si ces fleurs éphémères lui disaient la vérité sur son père, qu'il était mort comme elles, et qu'il ne le reverrait jamais.

Les Coquelicots (1873) --- CLAUDE MONET

                                                                                                               










        - Bhuvan

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